Des centaines de milliers de victimes de l'Agent Orange/Dioxine utilisé par l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam, leurs familles et leur descendance, dont beaucoup survivent en marge de la société dans des conditions extrêmement difficiles, un peu plus de 50 ans après les premiers épandages, ont cruellement besoin d'aide !
sommaire
1- Biocides
2- Pesticides
3- Herbicides
4- Ecocide, responsabilités et réparations par Nguyen Dac Nhu-Mai
5- Monsanto, un demi-siècle de scandales sanitaires par Loreen Seelow
crédit photo : Mme Nguyen Van Mâu
1- Biocides
Les biocides sont classés en 3 grandes familles ; Les phytosanitaires (qui soignent théoriquement les plantes) font partie des pesticides (qui luttent contre les pestes) qui font eux-mêmes partie de la famille des biocides qui inclut aussi les désinfectants, antibiotiques, l'eau de Javel, etc.
Leur étude et celles de leurs impacts nécessitent aussi de comprendre et prendre en compte les résidus et métabolitesde ces molécules. Il faudrait aussi tenir compte d'éventuelles interactions entre ces métabolites et leurs molécules mères, entre certains résidus et d'autres métabolites, entre certains métabolites entre eux, entre les résidus et certains métabolites et entre tous ces produits (biocides, métabolites et résidus) avec d'autres polluants (métaux lourds par exemple, perturbateurs endocriniens) ou d'autres molécules. Ces études sont complexes et à peine commencées.
source wikipedia.org
https://fr.wikipedia.org/wiki/Biocide
2- Pesticides
Un pesticide est une substance répandue sur une culture pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles. C'est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides, les parasiticides. Ils s'attaquent respectivement aux insectes ravageurs, aux champignons, aux « mauvaises herbes » et aux vers parasites.
Le terme pesticide comprend non seulement les substances « phytosanitaires » ou « phytopharmaceutiques », mais aussi les produits zoosanitaires, les produits de traitements conservateurs du bois, et de nombreux produits d'usage domestique : shampoing antipoux, boules antimites, poudres anti-fourmis, bombes insecticides contre les mouches, mites ou moustiques, colliers antipuces, diffuseurs intérieurs de pesticides, etc.
Dans une acception plus large, comme celle de la règlementation européenne, ce peut être des régulateurs de la croissance, ou des substances qui répondent à des problèmes d'hygiène publique (par exemple les cafards dans les habitations), de santé publique (les insectes parasites poux, puces ou vecteurs de maladies telles que le paludisme et les bactéries pathogènes de l'eau détruites par la chloration), de santé vétérinaire, ou concernant les surfaces non-agricoles (routes, aéroports, voies ferrées, réseaux électriques, etc.).
Selon l'InVS (14 mars) d'après les analyses faites en 2006-2007 chez 3 100 personnes dans le cadre du programme national Nutrition-santé (PNNS), le sang d'un Français moyen presque toujours des organophosphorés et contient trois fois plus de certains pesticides (pyréthrinoïdes, pardichlorobenzène)) que celui des Américains ou des Allemands, alors que leur taux sanguin de métaux lourds et de pesticides organochlorés est comparable aux concentrations observées à l’étranger.
Les pesticides sont également associés aux perturbateurs endocriniens et à des maladies et à l'infertilité.
Dans la famille des pesticides, elle même incluse dans la famille des biocides, on appelle herbicide toute substance active ou une préparation ayant la propriété de tuer les végétaux. Le terme « désherbant » est un synonyme d'herbicide.
En protection des cultures, dans les golfs, en sylviculture, les herbicides sont employés pour lutter contre les adventices, ou "mauvaises herbes", destinées à détruire ou à limiter la croissance des végétaux, qu'ils soient herbacés ou ligneux. Ils peuvent être utilisés, selon leur mode d'action, en pré ou post-levée. On distingue :
les désherbants sélectifs (les plus nombreux) ;
les débroussaillants, et produits de désouchage chimique ;
les désherbants totaux (les plus utilisés);
les défanants qui détruisent la partie aérienne des végétaux. Ils sont par exemple utilisés pour la récolte mécanique de la pomme de terre ou de la betterave ;
les anti-germes, qui empêchent le démarrage de la végétation de bulbes destinés à l'alimentation (oignons, pommes de terre par exemple) ;
les silvicides visent plus spécifiquement les espèces forestières ou le processus de régénération naturelle ;
« Phytocide » est un terme générique qui regroupe l'ensemble de ces produits.
source wikipedia.org
https://fr.wikipedia.org/wiki/Herbicide
4- Ecocide, responsabilités et réparations
"Vivre le printemps silencieux" des victimes de l’Agent orange/dioxine.
Par Nguyen Dac Nhu-Mai
Quatre ans après l’Agent orange - A personal Requiem [1], Masako Sakata, inlassablement reprend le chemin de la Justice en soutenant les Victimes de l’Agent orange/dioxine. Caméra en mains, le regard curieux quoique rempli de tendresse et avec ce penchant de nous livrer les récits de vie de"Living the Silent Spring" [2] - "Vivre le printemps silencieux,"- à travers des rencontres des jeunes victimes Américains et Vietnamiens des 2è et 3è générations décrivant leurs souffrances et leurs luttes. Chez eux, recouvrir leur dignité humaine semble fondamentale alors que la solidarité les rassemble. Que de transports de joie lors de ces conversations bien que Masako Sakata ait souligné que les cicatrices de l’agent orange restent profondes au Vietnam et en Amérique ! Que ce soit en Australie, au Canada, en Corée, aux Etats-Unis, à la Nouvelle Zélande et au Vietnam, l’impact de l’Agent orange/dioxine demeure très catastrophique pour la santé et l’environnement. Il est naturel que les femmes et les hommes du monde entier soutiennent les victimes à travers toutes les manifestations de solidarité [3] et de communications. En effet, de Dijon [4], à Paris [5] à Montréal, à Bangalore, à Bhopal, à Delhi, à la Havane, à 55 Bandung 55, à Busan et au 3è Forum international de Séoul [6], des femmes et des hommes se donnent rendez-vous pour s’informer et débattre du caractère de l’écocide, défini comme la « destruction méthodique de la flore et de la faune », le terme devrait être reconnu comme un crime international, un crime contre la paix, selon la juriste anglaise Polly Higgins [7]. Autrement précisé l’usage de la dioxine était un crime de guerre, non conforme à la loi internationale d’usage et à la Convention de Hague de 1907. (Hague Convention 23a). Ces violations des usages et lois sont considérées comme crimes de guerre par les Principes VI-b de Nuremberg ; l’usage de la dioxine était un crime contre l’humanité comme défini par les Principes VI-c de Nuremberg, constituant un acte inhumain fait contre une population civile [8] ; l’usage des armes illégales dans une guerre illégale a causé la dévastation susmentionnée. Au Vietnam, ces crimes ont produit beaucoup de douleur, de souffrance et d’angoisse à au moins 3 à 4 millions de gens et leur familles dont les songes sont remplis aujourd’hui d’espoirs pour "la loi du pollueur-payeur" car les conséquences de ces crimes ont été déjà ressenties par les âmes des défunts d’hier. Par ailleurs, les participants au 50è Anniversaire du premier épandage de l’Agent orange/dioxine (1961-2011) le 9 août 2011, à Hanoi, sont enclins à confier que le temps est venu pour fournir un remède adéquat aux victimes vietnamiens d’Agent Orange ainsi qu’à leurs familles et à réparer autant que possible l’environnement vietnamien [9].
Espérons vivement que 2012, année du Dragon, soit propice aux réparations pour les victimes de toutes les guerres en particulier celles d’ Avigolfe et de l’Agent orange/dioxine. Mais ici comme ailleurs, la mercatique relationnelle et prospective de la rencontre de l’autre franchirait les ponts de la découverte du pays, sa culture, son folklore, ses avancées scientifiques et techniques, ses efforts de sortie de crises économiques à l’unisson avec la mondialisation mais encore avoir une pensée pour les souffrances de l’Histoire toujours présentes avec la lutte pour la Justice des Victimes Vietnamiennes de l’Agent orange/dioxine [10] et celles d’Avigolfe [11]
Nguyen Dac Nhu-Mai est lauréate 2010 du Mot d’or de la Francophonie pour la Presse écrite.
http://blog.environnemental.info/20...
[1] Prix du Jury au Festival international du Film de l’Environnement Ile de France le 25/11/2008
[2] Masako Sakata : " Scars of Agent orange remain deep in Vietnam and America". Participation au 29è Festival du Film Environnement Ile de France, au Cinéma des cinéastes, 7 avenue de Clichy 75007 Paris.. Séances des 1 et 12 février 2012. Voir http://blog.environnemental.info/20...
[3] Voir Ad@lY "Une couverture tricotée par les liens de solidarité entre Montpellier et Dalat http ://www.adaly.net/
[4] Raphaël Vahé et Raphaël Porteilla, organisateurs du colloque de Dijon du 26 septembre 2008 "Conflits et environnement : de l’écocide à la justice environnementale" http://defenseetenvironnement.blogs...
[5] Tribunal international d’opinion, Paris, les 15-16 mai 2009 : Voir article du 19 mai 2009 : Agent Orange - Verdict : Le Tribunal International d’Opinion juge le gouvernement et les industriels des États-Unis responsables... http://www.legrandsoir.info/Agent-O...
[6] Nguyen Dac Nhu-Mai, Forum de Busan et 3rd Corean International Forum Séoul du 28/11-3/12, 2011 voir www.21corea.org
www.journaldelenvironnement.net//
[8] Voir Daniel Lagot in ADIF Conférence 4-5/03/2011
[9] Voir Appel de M. Nguyen Van Rinh, président de VAVA, Hanoi le 9 août 2011 www.vava.org.vn aussi http://vendemiaire.over-blog.org/ar... ; 50ème anniversaire du premier épandage d’ « Agent Orange » au Viêt Nam, par André Bouny http://archives-lepost.huffingtonpo...
[10] Voir : On ne peut pas oublier les victimes de l’agent orange — Vietnam+ ... il y a 4 jours ... Le congressman Robert Earl Filner a travaillé le 9 janvier à Hanoi avec l’ Association des victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine ... http://fr.vietnamplus.vn/Home/On-ne...
[11] Association créée par Hervé Desplat et Christine Abdelkrim-Delanne (journaliste) afin d’aider les civils et les militaires actifs ou non, atteints de maladies de la guerre du Golfe ou des Balkans. http://www.avigolfe.com/
5- Monsanto, un demi-siècle de scandales sanitaires
Le Monde.fr | 16.02.2012 à 10h29 • Mis à jour le 06.04.2013 à 21h02 |Par Soren Seelow
La condamnation, lundi 13 février, du géant américain de l'agroalimentaire Monsanto, poursuivi par un petit agriculteur charentais intoxiqué par un herbicide, est une première en France. A l'échelle de l'histoire de la multinationale, centenaire, cette condamnation ne constitue qu'une péripétie judiciaire de plus dans un casier déjà très chargé.
PCB, agent orange, dioxine, OGM, aspartame, hormones de croissance, herbicides (Lasso et Roundup)... nombre de produits qui ont fait la fortune de Monsanto ont été entachés de scandales sanitaires et de procès conduisant parfois à leur interdiction. Mais rien n'a jusqu'ici freiné l'irrésistible ascension de cet ancien géant de la chimie reconverti dans la biogénétique et passé maître dans l'art du lobbying. Portrait d'une multinationale multirécidiviste.
Un géant de la chimie... explosif
Depuis sa création en 1901 à Saint-Louis, le petit producteur de saccharine devenu un des principaux semenciers de la planète n'a cessé de défrayer la chronique. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l'explosion accidentelled'une usine de plastique Monsanto provoquée par celle d'un cargo français chargé de nitrate, qui fit 500 morts à Texas City en 1947, est ainsi restée dans les annales comme l'un des premiers désastres de l'industrie chimique.
Deux ans plus tard, c'est au tour d'une deuxième usine de la firme, à Nitro en Virginie, de partir en fumée. Cette fois-ci, la responsabilité de l'entreprise est engagée. Plus de deux cents ouvriers développent des chloracnés, un trouble aussi rare que sévère de la peau, rapporte Marie-Monique Robin, lauréate du prix Albert-Londres, dans son documentaire Le monde selon Monsanto.
L'accident révèle que le produit phare de la marque, l'herbicide 2,4,5-T, contient des niveaux élevés de dioxines, des substances hautement toxiques etcancérigènes, de composition assimilable à celle des polychlorobiphényles (PCB). La première étude suggérant la dangerosité potentielle de la dioxine était connue de Monsanto dès 1938 : la commercialisation de l'herbicide se poursuivra pourtant pendant près de quarante ans, avant son interdiction dans les années 1970.
Monsanto, qui a dirigé l'usine de Nitro entre 1934 et 2000, a par ailleurs fait l'objet d'une plainte déposée en 2007 par 77 habitants de Virginie atteints de cancer, qui accusent la compagnie d'avoir diffusé "illégalement" de la dioxine dans les environs de l'usine.
PCB : le procès de la honte
En 2001, 3 600 habitants de la ville d'Anniston, en Alabama, attaquent Monsanto pour une contamination aux PCB. Selon un rapport déclassifié de l'Agence de protection de l'environnement des Etats-Unis (EPA), Monsanto a déversé pendant près de quarante ans des milliers de tonnes de déchets contaminés dans un ruisseau et une décharge à ciel ouvert, au cœur du quartier noir de la ville.
La façon dont The Washington Post rapporte l'histoire est édifiante : "Des milliers de pages de documents de Monsanto – dont beaucoup sont estampillés 'CONFIDENTIEL : lire et détruire' – montrent que pendant des décennies, la multinationale a dissimulé ce qu'elle faisait et surtout ce qu'elle savait. En 1966, des responsables de l'entreprise avaient découvert que des poissons immergés dans ce ruisseau se retournaient sur le dos en moins de dix secondes, pissant le sang et perdant leur peau comme s'ils avaient été bouillis vivants. Ils ne l'ont dit à personne", raconte le quotidien américain.
En 1975, une étude menée par Monsanto révèle que le PCB provoque des tumeurs chez le rat. La multinationale décide d'en changer les conclusions, de"légèrement tumorigènes" à "n'apparaît pas cancérigène". "Nous ne pouvons nouspermettre de perdre un seul dollar" : ainsi se conclut l'un des mémos consultés parThe Washington Post.
Monsanto a finalement été jugée coupable en 2002 d'avoir pollué "le territoire d'Anniston et le sang de sa population avec les PCB". La firme sera condamnée àpayer 700 millions de dollars de dommages et intérêts et à assurer le nettoyage de la ville. Aucune peine de prison n'a été retenue contre les responsables de l'entreprise.
En février 2007, The Guardian révèle que le géant agrochimique a appliqué les mêmes méthodes sur plusieurs sites en Grande-Bretagne entre 1965 et 1972. Le quotidien a eu accès à un rapport gouvernemental montrant que 67 produits, dont l'agent orange, la dioxine et des PCB, ont été identifiés dans une carrière au pays de Galles. En France, la fabrication et l'utilisation des PCB sont interdites depuis 1987.
Agent orange : condamné pour "empoisonnement"
Durant ces mêmes années, entre 1961 et 1971, Monsanto produit l'agent orange, constitué à partir de l'herbicide 2,4,5-T, dont la dangerosité est largement connue depuis l'explosion de l'usine de Nitro. Ce défoliant sera massivement déversé par l'aviation américaine au-dessus des forêts vietnamiennes pendant la guerre. Les conséquences se font encore sentir aujourd'hui, avec de nombreux cancers et des malformations de naissance au Vietnam, ainsi que des séquelles diverses chez nombre d'anciens combattants américains.
Dans les années 1970, des vétérans du Vietnam ouvrent une Class Action contre les producteurs de l'agent orange. Monsanto se retrouve, au côté de six autresentreprises, accusé principal d'un procès en réparation pour empoisonnement. En 1987, les sept producteurs de l'agent orange sont condamnés à verser 180 millions de dollars à un fonds de compensation destiné aux soldats américains.
Durant le procès, Monsanto présentera des études scientifiques démontrant l'absence de lien entre l'exposition à la dioxine et les nombreux cancers dont souffraient les vétérans, pour les débouter de leur action. Il sera démontré au début des années 1990 que ces études se fondant sur les conséquences de l'explosion de l'usine de Nitro en 1949 étaient biaisées.
Cette fraude scientifique sera confirmée par le National Research Council, qui constate que les études de Monsanto "souffraient d'erreurs de classification entre les personnes exposées et non exposées à la dioxine, et qu'elles avaient été biaisées dans le but d'obtenir l'effet recherché". L'affaire sera relatée en 1990 par Greenpeace et le chercheur Joe Thornton dans un rapport intitulé Science for Sale.
L'herbicide Roundup est-il toxique ?
Souvenez-vous de cette publicité et de ce bon chien Rex : "Roundup ne pollue ni la terre ni l'os de Rex". Elle a valu à Monsanto d'être condamnée deux fois, aux Etats-Unis et en France, pour des mentions mensongères placées sur l'emballage de cet herbicide total (qui élimine toutes les plantes).
En 1975, l'entreprise lance sur le marché Roundup, un herbicide très puissant présenté comme "biodégradable" et "bon pour l'environnement". En 1996, le procureur de New York condamne Monsanto à une amende de 50 000 dollars et au retrait des mentions jugées mensongères. En janvier 2007, la firme est condamnée en France (extrait du jugement) pour les même motifs à... 15 000 euros d'amendes. Roundup est aujourd'hui l'herbicide le plus vendu au monde.
Plusieurs études concordantes affirment pourtant que le pesticide phare de Monsanto – et son principe actif, le glyphosate – est potentiellement tératogène, c'est-à-dire responsable de malformations fœtales. L'une d'entre elles, publiée fin 2010 dans Chemical Research in Toxicology, montre que l'exposition directe d'embryons de batraciens à de très faibles doses d'herbicide à base de glyphosate entraîne des malformations.
Monsanto réfute ces conclusions : "Le glyphosate n'a pas d'effets nocifs sur la reproduction des animaux adultes et ne cause pas de malformations chez la descendance des animaux exposés au glyphosate, même à très fortes doses", affirme la firme sur son site.
Lundi 13 février, le rapporteur du Conseil d'Etat a asséné un nouveau coup dur au produit phare de Monsanto : il enjoint au ministère de l'agriculture d'en analyser la toxicité dans un délai de six mois et de statuer à nouveau sur l'autorisation de mise sur le marché du pesticide.
Reportage : En Argentine, les habitants exposés à l'herbicide se plaignent de multiples affections
Herbicide Lasso : interdit à la vente
La condamnation qui a frappé, lundi 13 février, le deuxième herbicide de Monsanto est plus significative. Les juges français ont en effet considéré que le fabricant de produits phytosanitaires devra indemniser "entièrement" le plaignant, Paul François. Ce céréalier ne travaille plus qu'à mi-temps, en proie à des fatigues chroniques et des maux de tête tenaces. Les médecins considèrent que son système nerveux central a été affecté à la suite de l'inhalation du Lasso.
Monsanto a fait appel. "Les produits de Monsanto sont conformes aux exigences de sécurité en place au moment de leur mise sur le marché. [La société] a unepolitique très rigoureuse en ce qui concerne l'évaluation scientifique de la sécurité des produits de protection des plantes", a réagi l'entreprise, dans un communiqué.
Jugé dangereux, cet herbicide est pourtant interdit au Canada depuis 1985, enBelgique et au Royaume-Uni depuis 1992 et en France depuis 2007 (il avait été autorisé le 31 décembre 1968).
Hormones de croissance : scandale chez Fox News
Au début des années 1990, Monsanto commercialise son premier produit issu des biotechnologies : Posilac, l'hormone de croissance bovine recombinante (rBGH), une hormone transgénique destinée à augmenter la lactation des vaches de près de 20 %. L'hormone entraîne des mammites, des inflammations de la mamelle, qui contraignent les éleveurs à traiter leurs vaches avec des antibiotiques, dont on retrouve ensuite la trace dans le lait. Ce produit miracle est aujourd'hui interdit partout, sauf aux Etats-Unis.
Un documentaire canadien, The Corporation, raconte comment Monsanto a fait pression sur Fox News (groupe Murdoch) pour l'empêcher de diffuser une enquête dévoilant les dangers du Posilac en 1997. Cet extrait illustre le lobbying particulièrement agressif de la firme : non seulement l'enquête n'a jamais été diffusée, mais ses auteurs ont été licenciés par la chaîne.
OGM : des procès en pagaille
Entre 1995 et 1997, le soja génétiquement modifié Roundup Ready, le colza Roundup Ready et le coton Roundup Ready, tous trois résistants à l'herbicide Roundup, reçoivent les autorisations de commercialisation. Détentrice d'un brevet aujourd'hui périmé sur le glyphosate (commercialisé sous le nom de Roundup), l'entreprise décide de changer de stratégie et entreprend de breveter le vivant. Elle produit actuellement 90 % des OGM de la planète.
Un quasi-monopole que la firme défend chèrement. Au cours des années 2000, Monsanto assignera ainsi devant les tribunaux des centaines de paysans accusés d'avoir utilisé "frauduleusement" ses semences transgéniques brevetées, c'est-à-dire de les avoir replantées.
Monsanto revendique des droits à la propriété intellectuelle sur certaines semences. Ce qui ne l'empêche pas d'être elle-même poursuivie pour acte de "biopiraterie". En août 2011, l'Autorité nationale de biodiversité indienne a ainsi annoncé qu'elle portait plainte contre la compagnie, accusée d'avoir mis au point une aubergine génétiquement modifiée (BT-Brinjal) à partir de variétés locales sans en avoir demandé l'autorisation.
Autre condamnation, aux Etats-Unis cette fois. Monsanto a accepté en 2010 depayer 2,5 millions de dollars d'amende pour avoir vendu du coton OGM non autorisé. L'Agence de protection de l'environnement (EPA) reproche à l'entreprise d'avoir violé la législation lui interdisant de vendre des cotons génétiquement modifiés dans certaines régions du Texas, où ces variétés étaient prohibées par crainte d'une résistance aux pesticides.
Aspartame : vers un nouveau scandale sanitaire ?
Monsanto le précise clairement sur son site Internet : après en avoir été l'un des principaux producteurs dans les années 1980 et 1990, l'entreprise ne produit plusd'aspartame depuis 2000. La firme tient pourtant à insister sur le fait que cet édulcorant, le plus utilisé au monde, "ne provoque aucune maladie".
Des études récentes ont cependant mis en évidence un risque accru denaissances prématurées chez les femmes qui consomment ce produit. L'Autorité européenne de sécurité des aliments a même été invitée en mai par la Commission européenne à anticiper la réévaluation complète de la sécurité de l'aspartame en 2012.
Dans les colonnes du Monde (abonnés), Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles de la filiale française de l'entreprise, déplore que Monsanto soit devenu "un nom attractif pour qui veut faire de l'audience". Une réputation malmenée que la firme tente de gommer en déclinant sur son site les principes de sa charte éthique : "Intégrité", "Dialogue", "Transparence", "Partage", "Utilité" et"Respect".
Contacté par Le Monde.fr, Monsanto n'avait pas répondu à l'heure où cet article était publié.